23 mai 2001
CHAPITRE 2 : L'ADAPTATION
À bord de l'avion qui l'emmène loin de son pays, papa garde le visage fermé. Il n'a pas desserré les dents depuis l'instant où il a compris qu'il était contraint de partir. Il est triste et malheureux. Il n'a jamais pensé qu'il quitterait son pays dans ces conditions. Papa a presque honte de tout abandonner au moment où l'histoire de sa patrie prend un tournant décisif. Il n'a pas touché au repas servi par les hôtesses de l'air. Quelque chose s'est brisé en lui. On ne l'a jamais vu dans un tel état d'abattement. Papa a le sentiment de se conduire comme un lâche qui s'enfuit au moment où le devoir l'appelle. Il a l'impression qu'un pan de sa vie vient de s'effondrer. Combien de temps faudra-t-il pour surmonter sa culpabilité? Que fera-t-il en Suisse? On ne refait pas si facilement une vie.
Surtout quand on n'y est pas préparé. Comment pourra-t-il parler désormais de ce pays dont il s'éloigne
?
Maman est beaucoup plus détendue. Elle est même heureuse de fuir enfin ce pays où tout le monde semble être devenu fou! Elle est surtout heureuse de ce que chaque membre de sa famille est sain et sauf après tant de péripéties et de frayeurs. Elle a craint le pire à maintes reprises. Elle a passé des nuits blanches à trembler et à pleurer. Maman a encore du mal à comprendre l'entêtement de papa. Pourquoi vouloir porter sur ses frêles épaules l'histoire de ce pays? Elle en est à se demander ce qu'elle serait survenu si le pire était advenu. Elle pense qu'elle aurait certainement basculé dans la folie. Elle remercie le Seigneur d'avoir étendu sa main protectrice sur la famille. L'enlèvement de son fils aurait pu tourner au drame. La descente des sinistres individus au domicile familial aurait pu se transformer en un carnage, un bain de sang. Maman réalise que la famille l'a échappé belle. Elle pense qu'en Suisse, ils vont pouvoir tout recommencer, dans la sérénité et la paix. Il y aura certes des difficultés et des problèmes mais elle se sent capable de les affronter. Vivre, n'est-ce pas résoudre des problèmes? Elle croit fermement que ses enfants tiennent une chance inespérée de s'épanouir.
Quant à Pénali et sa sœur, ils dorment à poings fermés. Passées les incommodités provoquées par le décollage, ils se sont endormis. Ils ont été réveillés à l'heure du repas. Ils n'ont pas beaucoup mangé. Ils se demandaient sans nul doute ce qui les attend en Suisse. Ces dernières semaines ont été si mouvementées et si éprouvantes! Ils n'aspirent qu'à un peu de repos. Ils n'ont pas le temps de s'interroger longtemps au sujet de leur avenir. À la vérité, ils ont eu de la peine à quitter si précipitamment parents et amis. Avaient-ils vraiment le choix? Le sommeil est venu les délivrer de tant de questions. Pénali s'est rendormi, la main crispée sur le médaillon qu'il porte au cou.
C'est un cadeau de papa quand il est allé, quatre ans plus tôt, en Égypte. Il dit l'avoir acheté chez un antiquaire du Caire. Le médaillon représente la moitié du visage de Néfertiti. Pénali s'y est attaché à tel point qu'il ne le quitte jamais. Au moment de quitter son pays, s'il ne devait emporter qu'un seul objet, il aurait choisi sans hésiter le médaillon. Il s'est profondément endormi dans l'avion mais il ne lâche pas prise.
L'avion vient de faire son entrée dans l'espace aérien de la confédération helvétique. Il perd peu à peu de l'altitude. Il sort des nuages. Pénali vient de se réveiller. Le commandant de bord annonce une température de cinq degrés en-dessous de zéro. La Suisse est en plein hiver. Pénali regarde le pays à travers le hublot. La Suisse ressemble à une aquarelle réalisée par une main d'artiste de grand talent. Les massifs forestiers sont judicieusement disposés. Pénali contemple les nombreux tons de vert qui se succèdent.
Son regard surprend de temps en temps un cours d'eau qui s'étire en forme de lacet. Les sites habités forment de petites taches grises. L'avion est à présent au-dessus de Genève. Il amorce la phase d'approche. L'atterrissage a lieu sans encombre. Maman pousse un ouf de soulagement. Sa famille est enfin à l'abri du vent de haine et de violence qui souffle là-bas au pays.
Papa commence à trouver les formalités policières et douanières longues et compliquées. Il est sur les nerfs. Il pense sans nul doute qu'il ne subirait pas tant de tracasseries s'il était resté au pays. Heureusement que ses amis sont venus accueillir la famille. Ils interviennent à temps.
L'aéroport de Genève paraît grand et froid. Pénali commence à frissonner. Autour de lui, des hommes, des femmes et des enfants emmitouflés dans de grosses vestes et des manteaux. Les amis de papa ont tout prévu. En quelques minutes, chaque membre de la famille revêt un gros pullover et un anorak. Il y a du monde dans les rues. C'est tout de même étrange ce peu de bruit. Il y a de l'animation mais la foule est silencieuse. Pas de coups de Klaxons intempestifs, pas de cris, pas de musique qui hurle à tue-tête, rien. Pas de copains qui s'interpellent d'un trottoir à l'autre. Les gens s'ignorent. Y a-t-il un couvre-feu? Non, sûrement pas. Ici, ce n'est pas la guerre. En quelques heures, Pénali est passé d'un état de guerre larvée à la paix. Sans transition. Il regarde de tous ses yeux les massifs montagneux qui entourent la ville de Genève. Voici un qui s'élance haut dans le ciel. Son sommet est recouvert de neige.
L'appartement comporte seulement deux pièces. Les amis de papa n'ont pas trouvé mieux. Les délais dont ils disposaient étaient vraiment couverts. Ils ont fait ce qu'ils ont pu.
La famille s'en contentera en attendant des jours meilleurs. Papa ne dit rien mais il n'en pense pas moins. On le sent à l'étroit. Il tourne sur lui-même comme un fauve en cage. Il n'a pas sous la main ses livres préférés. La famille a quitté le pays en catastrophe. On a emporté l'essentiel. Même si on avait eu le temps, qu'est-ce qu'on aurait pu bien emporter? Les sinistres individus ont tout détruit dans la maison.
Maman ne laisse rien paraître. Elle ne semble pas gênée outre mesure par l'étroitesse de l'appartement. Elle met tout en œuvre pour créer une atmosphère conviviale. Elle ne cesse de répéter que tout début est difficile. Elle s'emploie à communiquer son enthousiasme à la maisonnée.
Une semaine s'est écoulée depuis l'arrivée de la famille à Genève. Demain matin, Pénali et sa petite sœur reprennent le chemin de l'école. Pénali ne ferme pas l'œil de la nuit. Il a des appréhensions. Comment vont réagir ses nouveaux camarades de classe? Parviendra-t-il à s'adapter? Il a peur de ne pas être à la hauteur. La mauvaise humeur de papa n'est pas de nature à le mettre en confiance.
L'école est construite dans un immense parc. De grands arbres se dressent partout. Les pelouses s'étendent à perte de vue. Vue de l'extérieur, l'école laisse une bonne impression à Pénali à cause de son cadre enchanteur. La cour est très animée malgré le froid. Les écoliers courent dans tous les sens. La sonnerie retentit bientôt. Chacun s'empresse de rejoindre sa classe. Le directeur tient à accompagner Pénali. Les écoliers se lèvent comme un seul homme dès qu'il fait son entrée dans la salle de classe. Leurs regards se tournent spontanément vers Pénali. " Asseyez-vous, dit le directeur. Nous avons la joie et le plaisir d'accueillir un nouveau camarade. Il s'appelle Pénali. Il nous arrive d'Afrique. Nous lui souhaitons la bienvenue parmi nous. Il peut compter sur chacun de nous pour réussir son adaptation et son intégration. N'est-ce pas les enfants ?
- Ouiii ! répondent en chœur les écoliers.
Le directeur parti, ils sont curieux de savoir où la maîtresse va faire asseoir le nouveau venu. Tous attendent dans un silence de cathédrale. La maîtresse hésite un instant puis elle indique à Pénali le milieu de la deuxième rangée. Celui-ci rejoint sa place d'un pas mal assuré. Une petite fille aux longues nattes blondes lui fait un sourire. Il s'assied avec précaution et se tient droit comme un piquet. " Pénali, tu peux m'interrompre à tout moment pour demander des explications, recommande la maîtresse. Nous venons à l'école pour apprendre. Chacun doit poser des questions toute fois que quelque chose lui échappe. "
La classe se déroule depuis bientôt une heure. La maîtresse se tourne de temps en temps vers Pénali pour s'assurer qu'il suit. Il essaie de concentrer son attention sur ce qu'elle explique mais son esprit s'évade de temps à autre. Il est surpris par le peu d'écoliers que comptent la classe. Il y a même un ordinateur au fond de la salle ! Il aimerait bien savoir quelle situation prévaut au pays. Il se demande si l'école continue de fonctionner. Au pays, les élèves lèvent le doigt pour répondre aux questions. Ici, on parle à tort et à travers.
Un oiseau vient de se poser sur le bord d'une fenêtre. Il chante à perdre haleine. Pénali l'écoute avec ravissement. Les moments de captivité vécus dans la forêt refont surface. Les oiseaux étaient ses seuls compagnons. Il n'avait d'oreille que pour eux quand venait à s'installer le cafard.
Une boule de papier mâché frappe Pénali au visage. Il sort de sa rêverie. Il regarde du côté de la maîtresse. Elle n'a rien vu. Il jette un coup d'œil à gauche puis à droite. Plusieurs projectiles l'atteignent de nouveau. Des rires étouffés se font entendre. La maîtresse donne de la voix pour imposer le silence. Une pluie de projectiles s'abat sur Pénali. Il n'est pas du tout content mais il ne bronche pas. Il a peur de se faire prendre par la maîtresse. Il fait mine de suivre attentivement . Il balaie et glisse les boulettes de papier mâché dans son casier chaque fois qu'ils lui tombent dessus. La petite fille aux longues nattes observe la scène d'un air attristé. Elle n'ose pas alerter la maîtresse. Elle a peur d'être prise à parti par ses camarades.
C'est bientôt la récré. Les écoliers se lèvent aussitôt que retentit la sonnerie. Ils sont très excités. Ils n'attendent que le signal de la maîtresse pour prendre d'assaut le couloir. Pénali ne sait pas ce que faire. Rester en classe ou sortir ? En restant à sa place, il devra accepter le face à face avec la maîtresse qui vient de libérer les écoliers. Mais dehors il fait froid. Il prend tout de même le parti de faire comme ses camarades. Il est le dernier à quitter la classe.
- Ça va? demande la maîtresse au moment où il passe devant le bureau.
- Oui, madame, répond Pénali en pressant le pas.
Il a peur de traverser la cour à découvert. Il craint que les écoliers de la classe lui cherchent des poux dans les cheveux. Si ces derniers s'attaquent à lui à deux, cela passe encore. Il peut se défendre. À plus de deux, Pénali pense qu'il risque de passer un mauvais quart d'heure. Il regarde avec anxiété à gauche puis à droite. Pas de danger en vue. Il rase les murs et s'enfonce dans le parc. Il s'arrête au pied d'un arbre au tronc énorme et à la taille impressionnante. Il se tient là comme s'il voulait demander protection au géant qui se dresse devant lui.
Le froid est si vif que Pénali relève son capuchon sur la tête. Il enfonce les mains dans les poches de son anorak. Il en vient à se demander si c'était une si bonne idée de quitter le pays. Ses pieds commencent à s'engourdir.
Il est contraint de se mouvoir. Il tourne autour de l'arbre. " Bonjour, Pénali, entend-il alors qu'il a le dos tourné." Il sursaute et se retourne vivement. Il est face à face avec la petite fille aux longues nattes blondes.
"J'espère que je ne te dérange pas, dit- elle. Je suis dans la même classe que toi. Je m'appelle Marylin. Je suis venue te dire que tout le monde n'est pas méchant dans la classe. Y a juste quelques garçons qui veulent jouer les durs. Les autres sont sympa. T'es fâché avec tout le monde ?
- Non, répond Pénali d'une voix timide.
- Il fait aussi froid dans ton pays ?
- Non.
- Y a le soleil tout le temps ?
- Oui.
- C'est chouette! s'exclame Marylin. J'aimerais bien vivre dans ton pays.
- Y a la guerre là- bas.
- C'est pour cela que t'es venu ?
- Oui.
- T'es venu tout seul à Genève ?
- Non, je suis venu avec mes parents et ma petite sœur.
- Tes parents vont travailler ici?
- Je ne sais pas encore.
- Ce serait vraiment chouette s'ils trouvaient du travail à Genève.
À cet instant, la sonnerie annonce la fin de la récré. "Dépêchons-nous de retourner en classe, conseille Marylin. La maîtresse n'aime pas qu'on soit en retard. " Ils arrivent juste à temps. La maîtresse s'apprêtait à fermer la porte.
Pénali découvre avec fureur que sa chaise est barbouillée d'encre. Il ne va tout de même pas se salir en s'y asseyant! Il se tient à côté de sa table, les poings crispés. Marylin se demande ce qu'il fait encore debout alors que tout le monde est assis. L'attitude de certains écoliers lui met la puce à l'oreille. Elle se penche pour voir ce qui se passe. "Maîtresse, Maîtresse, s'écrie Marylin, ils ont versé de l'encre sur la chaise de Pénali! Avant la récré, pendant que vous écriviez au tableau, ils lui ont lancé plein de boulettes de papier mâché. Pénali est venu à Genève parce qu'il y a la guerre dans son pays. Ils n'ont pas le droit d'être si méchants envers lui. Maîtresse, c'est pas juste! "
L'institutrice semble prise de cours. Elle marque un instant d'étonnement puis elle se dirige vers Pénali. Elle constate le forfait. " Qui a fait ça ? demande-t-elle d'une voix dure. " Silence total. La maîtresse répète la question. Toujours pas de réponse. " Nous ne reprendrons pas les cours tant que les coupables ne se seront pas désignés! menace-t-elle en martelant les mots. " On aurait entendu voler les mouches si elles étaient de saison! Un silence lourd pèse sur la classe. "J'attends! avertit la maîtresse. " Dix minutes s'écoulent puis quinze. Les regards se tournent vers le fond de la classe. " Moi j'ai vu ceux qui ont lancé les boulettes, révèle Vanessa.
- Qui donc a lancé ces boulettes ? demande la maîtresse.
- Y a Anthony, Simon, Edgar et Eric.
- Que les quatre qui viennent d'être cités se lèvent, ordonne la maîtresse.
Les accusés se lèvent. Ils n'ont vraiment pas l'air fiers. Ils fixent sur la pauvre Vanessa des regards pleins de colère. "Qui a barbouillé d'encre la chaise de Pénali ? interroge la maîtresse. " Les accusés baissent la tête. Leurs visages deviennent des poires rouges. Ils ont perdu la superbe qu'ils affichaient. "Anthony, qui a barbouillé cette chaise d'encre? insiste la maîtresse.
- C'est pas moi, Maîtresse, se défend l'interpellé. J'ai lancé seulement des boulettes.
- Simon ?
- Moi j'ai lancé une seule boulette, répond celui-ci.
- Edgar?
- C'est Éric qui a versé l'encre sur la chaise.
- Tiens, tiens! s'exclame la maîtresse. Voici donc le barbouilleur de chaise! Que dis-tu, Eric?
- …
- Le caïd a perdu du coup l'usage de sa langue. Tu n'as rien à dire?
- …
- C'est toujours les mêmes qui s'illustrent dans le mauvais sens! lance la maîtresse. Vous n'avez pas honte de vous conduire comme des barbares ? Votre camarade est arrivé en retard parce qu'il y a la guerre dans son pays. En guise d'accueil, vous lui balancez des boulettes. Non contents de le lapider, vous poussez la méchanceté jusqu'à barbouiller sa chaise d'encre. Vous y allez un peu fort! Vous êtes des petits monstres. Vous allez présenter des excuses à Pénali pour les torts que vous lui avez causés. Vous allez vous exécuter immédiatement si vous ne voulez pas que je convoque vos parents. Une fois ceci fait, vous allez ramasser toutes les boulettes que vous avez lancées. Ensuite, Éric donnera sa chaise à Pénali. Celle qui est barbouillée d'encre lui appartiendra désormais.
La voix de la maîtresse est autoritaire. Elle n'admet aucune concession. La bande à Éric n'a de choix que de s'exécuter. Celui-ci a les épaules tombantes. Il échange sa chaise contre celle qui est souillée. L'incident est clos. La classe reprend son cours normal. À l'heure du repas de midi, Marylin et Vanessa entraînent Pénali à la cantine. Elles lui expliquent comment ça fonctionne. Le reste de la journée se passe sans accroc.
Pénali s'habitue peu à peu à sa nouvelle école grâce à la compréhension et à l'aide de Marylin. Dès les premiers jours, elle constate combien il est passionné de foot. Il suit de loin les rencontres mais avec une telle flamme dans le regard! Il esquisse des grands gestes d'impatience chaque fois que la partie est acharnée. Marylin a encouragé Pénali à se mêler aux joueurs. Il a mis du temps pour se décider. Il avait peur que personne ne veuille de lui. Marylin a insisté tant et si bien qu'il a fini par céder. La première partie à laquelle il a pris part a révélé qu'il a beaucoup de talents. Depuis, les équipes se le disputent.
Côté famille, les choses sont plutôt mal engagées pour le moment. En effet, l'ambiance n'a eu de cesse de se dégrader. Papa n'a pas encore trouvé de travail. Il s'ennuie à en mourir. Même l'écriture ne lui procure aucune sensation. Il n'arrive pas à se faire à l'idée de dépendre de la charité de quelques bonnes volontés. Papa ne parvient plus à cacher sa mauvaise humeur. Il a tout le temps le visage fermé, le regard dur.
Dès après le souper, il s'installe devant sa pile de journaux. Impossible d'engager la moindre conversation avec lui. Pénali et sa sœur ne le reconnaissent plus. Au pays, il était d'une douceur, d'une patience et d'une disponibilité! Il était toujours prêt à leur expliquer leurs leçons. Il leur racontait plein d'histoires passionnantes sur les pays qu'il a visités. Parfois, papa n'est pas du tout content de ce qui est écrit dans les journaux. Il fait des commentaires acerbes en repoussant la pile loin de lui. Il reste figé, les yeux fermés, un long moment.
Papa est devenu grincheux. Il s'énerve pour un petit rien. Par moments, maman est exaspérée. Elle perd patience. Le ton monte. L'atmosphère de la maison est crispée. Pénali a envie de s'enfuir loin de cet enfer! L'école est désormais son seul refuge. Il est si pressé de quitter la maison tous les matins. Là-bas, l'attendent Marylin, les vastes espaces du parc et les parties de foot âprement disputées. Les jours où il n'a pas classe, il se sent vraiment malheureux parce qu'il va devoir supporter l'humeur massacrante de papa.
La famille de Pénali est installée à Genève depuis bientôt trois mois. Papa a rencontré plusieurs fois un éditeur par l'entremise de ses amis. Ce dernier lui a proposé un thème pour écrire un livre. Papa ne tient plus en place. Il s'est mis tout de suite au travail.
Il écrit toute la journée. Parfois il est au bord de la dépression nerveuse. Il se lève au milieu de la nuit, il arpente le salon en parlant seul. Maman essaie de le raisonner afin qu'il préserve sa santé. Elle lui conseille de se ménager des moments de repos. Il paraît revenir à la raison. Il va s'allonger dans la chambre mais une heure 12:34 23/05/01
À
suivre ...
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