Dans le cadre de l'atelier d'écriture "3 mains d'auteurs + 3'000
mains d'enfants", Jean-Jacques répond aux questions de ses
coécrivains :
Pourquoi
partez-vous d’une question dans vos histoires? Moi je partirais
d’une partie de foot.
Comment devient-on écrivain ?
Comment vous est venue l’idée d’écrire votre premier livre.
Pour le foot, c'est facile. J'entraîne une équipe
depuis dix ans, une école de foot avec 60 enfants et j'ai déjà écrit
un livre qui s'appelle Classe foot pour les enfants (collection
Syros).
Pour le reste, je ne crois pas que l'on devienne écrivain. Si on
coupe ce mot en deux, cela donne écrit vain. Le fait d'avoir écrit
plusieurs livres me donne le statut d'écrivain, mais c'est les
autres qui me le donne. Quand je construis un toit en bois, les gens
pensent que je suis charpentier.
Je pars d'une question, parce que c'est pour moi la meilleur façon
de travailler. Si je me pose une question ou si vous me les posez,
cela m'oblige à imaginer plusieurs possibilité. Il y a peu de
questions auxquelles on peut répondre que d'une seule façon. Donc
quand vous me posez des questions, il faut que j'imagine des
personnages qui vont avoir un problème lié à la question. Et je
vais réfléchir à plusieurs possibilités de cheminement. Comme
mon cerveau est trop petit pour se souvenir de toutes les possibilités,
j'écris l'histoire et je regarde comment les personnages peuvent
prendre des chemins différents et qu'est ce que cela donne. C'est
comme ça que prend forme un livre.
D'ailleurs, pour la dernière question, le premier livre est né
d'une question. Une question pour laquelle je n'ai pas trouvé de réponse
définitive, j'ai juste trouvé un élément de réponse.
La question était la suivante : "La fin justifie-t-elle les
moyens ?" Peut-on faire n'importe quoi quand on a raison ?
Alors j'ai imaginé l'histoire d'un jeune type qui part pour protéger
des enfants qui vivent dans la rue. Il lui arrive plein d'histoires
horribles et il en fait.
Il a certainement raison de vouloir défendre des enfants qui ne
sont protégés par personne, mais cela tourne quand même au
cauchemar. De ces questions est né "Un café une cigarette".
La seule réponse que j'ai eu en l'écrivant est que même si la
cause est juste, le moyen doit l'être aussi. C'est peu et pourtant
c'est un grand pas dans ma petite vie.
Merci de vos questions. J'en attends encore.
Que préférez-vous écrire ? Des livres policier?
En fait, j'ai horreur des romans
policiers. J'aime la littérature contemporaine et les auteurs
"noirs" . Rien à voir avec une couleur de peau, juste une
façon de décrire la société dans laquelle nous vivons. A chaque
fois, c'est un regard différent, un point de vue.
Quel type de roman préférez-vous?
Certainement les livres de Jim Thompson. En
particulier Rage noire et 1275 âmes.
Où habitez-vous?
En Suisse, dans une bourgade près de Genève
appelée Versoix.
Etiez-vous fort en orthographe lorsque vous étiez petit ?
Non. J'ai toujours été nul en orthographe.
J'aime brutaliser les mots. Bizarrement en écrivant, j'ai commencé
à m'intéresser à l'orthographe, car lorsque les mots ou les
adjectifs ne sont pas bien orthographiés, le texte devient peu
compréhensible et on perd la possibilité de nuances et de subtilités.
J'ai paradoxalement beaucoup appris en utilisant l'informatique et
des programmes de correction pointus. Mais je fais toujours beaucoup
de fautes.
Avez-vous du succès? Gagnez-vous assez d'argent avec vos livres
?
Je ne sais pas si j'ai du succès et surtout,
si je veux avoir du succès. Je considère que le travail d'écriture
n'est pas différent de celui de maçon ou de menuisier. Je me
considère comme un manuel. Je vais souvent travailler avec des gens
qui ont un savoir-faire (vitrier, menuisier, restaurateur de vieux
meubles, etc.) et j'apprends. Généralement, je ne dis pas que j'écris
des romans et même certains de mes amis ne le savent pas. J'ai
horreur de la télévision et des journalistes. Le succès a un
prix: La perte de la liberté. Et c'est un prix que je ne suis pas
prêt de payer. Mes livres se vendent tranquillement et je gagne de
quoi me nourrir. Pour pouvoir vivre en Suisse, avec deux enfants, je
fais n'importe quoi comme boulot pour me payer quelques mois d'écriture.
C'est un privilège de pouvoir passer quatre mois à écrire. Je me
le paie. De plus, cela me permet de rester en contact avec la vraie
réalité. Je n'écris pas pour des gens qui ne font rien, ceux qui
achètent mes livres travaillent. J’ai du respect pour eux et je
m'intéresse à ce qu'ils font. Si je restais chez moi, seul, je
n'aurais très vite plus rien à dire. Je me nourris des gens qui
travaillent et eux nourrissent mon écriture.
Quel métier vouliez-vous faire quand vous étiez petit ?
Musicien. Je le fais, en fait.
J'ai ma propre structure de production et mon studio
d'enregistrement. Je joue de la basse et travail avec un groupe
depuis....10 ans. Notre premier cd sort ces jours-ci.
Merci de vos questions.
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