ENTREVUE AVEC CHRISTIANE DUCHESNE
Vous avez gagné le Prix Québec-Wallonie/Bruxelles pour votre livre "La
Bergère de chevaux". Ça vous fait plaisir?
De la même façon qu'on ne se lasse jamais vraiment de recevoir des cadeaux, que l'on
soit petit ou grand, le fait de recevoir un prix et plusieurs prix, ne gâte rien.
Toujours un peu comme si c'était la première fois.
Ce qui est curieux, c'est que, chaque fois que j'ai remporté un prix, j'avais déjà un
autre roman en cours. Cela renforce automatiquement la confiance dans l'écriture.
On n'écrit surtout pas pour remporter des prix, c'est sûr, on écrit pour écrire et
pour le plaisir d'écrire. Mais le plaisir des prix n'est jamais négligeable.
Où puisez-vous votre inspiration?
On pose très souvent la question, on s'inquiète de l'inspiration alors que, pour
moi, c'est la chose la plus simple au monde. On s'inspire de tout, de gens que l'on croise
sur la rue, d'une situation tout ordinaire ou bien particulièrement cocasse, de la
couleur du ciel, de l'odeur des lilas. Il y a autant d'histoires à raconter qu'il y a de
personnes sur cette planète, alors il suffit d'ouvrir les yeux, d'écouter, et de se
laisser envahir par la vie.
Avez-vous des enfants et vous inspirent-ils spécialement?
Oui, j'ai des enfants qui sont aujourd'hui des adultes. Deux fils pour qui j'ai inventé
une histoire différente chaque soir de leur enfance. Bien sûr, ils font partie de tout
ce qui m'inspire, mais comme j'écrivais pour les enfants bien avant leur naissance, tout
ne m'est pas venu d'eux. Jamais, cependant, je n'ai raconté véritablement l'histoire de
l'un ou de l'autre : ce sont plutôt des sentimements, des réflexions qu'ils ont faites
ou des façons d'être, que l'on peut retrouver ici et là à travers mes romans, sans
plus.
Je ne crois pas, d'ailleurs, qu'ils se reconnaissent dans mes livres. Il faudrait le leur
demander. Ils y retrouvent sans doute une atmosphère qui est la mienne, ou de la vie qui
gravite autour de moi.
Avez-vous un modèle en tête lorsque vous créez un personnage?
Je ne pense jamais à un modèle précis, à une personne en particulier. Le
personnage se développe à mesure que j'écris. Au début, l'image est floue et assez
grossière, les détails manquent, je ne connais même pas la couleur des yeux du
personnage. Tout cela se définit en cours d'écriture. Un personnage est fait de
plusieurs autres, et d'une petite partie de moi. Je crois que l'auteur se faufile toujours
un peu à travers tous ses personnages.
Écrivez-vous à la main?
Je travaille sur un tout petit ordinateur, portable, bien suffisant pour mes besoins.
Il peut me suivre partout. J'écris très rarement à la main, sauf pour prendre des notes
ou bien pour écrire des lettres. Les lettres à l'ordinateur, je n'aime pas.
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