| Chers
        Jessica et Frédéric de l'école Vanier, J'ai bien reçu votre lettre et
        j'y réponds avec plaisir. Mais je ne peux pas le faire
        d'un seul coup. Alors je commence par la question no 1. Est-ce que j'ai
        vraiment DÉCIDÉ d'être écrivain ? 
 Je ne pense pas. J'aimais lire, j'aimais dessiner
        surtout et pour une raison inconnue j'avais décidé
        d'illustrer des livres pour les enfants, ce qui, à mes
        débuts ( dans les années 60), était à peu près
        inconnu comme métier au Québec.J'ai donc étudié en
        vue de devenir illustratrice, métier que j'ai exercé
        plusieurs années. Pour illustrer un texte il faut
        nécessairement lire ce qu'il raconte. Et en lisant les
        textes je trouvais qu'ils n'étaient pas si super que ça
        et que je pourrais en faire autant. Alors j'ai essayé.
        C'est comme ça que tout a commencé. Essayez de trouver
        le premier livre que j'ai écrit et illustré. Il
        s'appelle "La pêche à l'horizon", éditions
        du Pélican, Québec, 1961.
 On continue ? Dans ma
        réponse précédente, j'ai un peu répondu aux deux
        premières, non ? Alors je vais à la trois. Le temps que ça prend ? 
 Ah! le temps... la grosse affaire. Un roman, prend
        une année entière à penser, planifier et écrire. Moi,
        avant de me mettre à écrire, je fais un plan assez
        détaillé où je décide ce qui va se passer à chaque
        étape de l'histoire qui peuvent (ou non) devenir autant
        de chapitres. Parfois, ça ne marche pas, et on
        recommence. Puis, l'écriture, la partie la plus
        amusante, prend trois, quatre, cinq mois.
 Est-ce difficile ?
 Oui et non. Il faut vraiment avoir une idée bien
        précise de ce que l'on veut dire. De ce que seront les
        personnages. Quand on veut faire un album plus court
        qu'un roman, alors c'est moins long parce qu'en général
        l'histoire se déroule vite et il y a moins de
        personnages. Mais je fais quand même un plan avant de
        commencer.
 Le temps pour
        écrire.
 Quand je suis en train d'écrire, je ne fais que ça,
        matin, soir... et j'en rêve la nuit. Parfois, si j'ai
        une bonne idée, même en pleine nuit, je me lève et je
        la note sur une feuille pour l'utiliser le lendemain.
 L'inspiration.
 À mon avis, on raconte bien ce qu'on connaît bien.
        Avant de parler d'un sujet quelconque il faut bien se
        documenter et se renseigner même si ce n'est pas
        l'élément essentiel du récit. Quand j'ai écrit
        "Alfred dans le métro", j'ai passé deux mois
        à me promener dans le métro de Montréal et à me
        renseigner auprès de la Société de Transport de la
        Communauté Urbaine de Montréal pour savoir toutes
        sortes de choses. Ensuite, j'ai écrit le tome 2:
        "Opération marmotte", et là j'ai suivi la
        construction d'une nouvelle ligne du métro en détail.
        Pour le reste, je me fie à ma mémoire, à mon
        imagination, parfois à des anecdotes vécues dans ma
        famille, avec mes propres enfants. Pour le livre
        "GroZoeil en vedette à Venise" qui est sur la
        liste de la "Bataille" je pense, je me suis
        servi de ma connaissance de Venise. C'est une ville où
        je suis allée souvent et comme je parle la langue, je
        participe beaucoup à la vie. Et je me suis mise dans la
        peau de deux chats québécois qui découvrent la ville
        où vivent des milliers de chats.
 Est-ce que je suis
        excitée quand j'ai fini ? 
 AH! Oui, je suis très excitée... sauf qu'on n'est
        jamais sûr d'avoir tout dit... Et parfois l'éditeur te
        demande de changer des choses, de reprendre des passages,
        etc. Mais curieusement, je suis plus excitée d'avoir
        fini d'écrire que de voir le livre imprimé dans une
        librairie. Au moment d'être vendu, on dirait qu'il n'est
        plus à moi, mais aux lecteurs.
 Combien de livres
        ?
 Sous forme de livres publiés, j'ai dépassé la
        centaine. Mais j'ai aussi écrit beaucoup de textes (
        histoires) dans des revues enfantines comme: J'aime Lire,
        Je lis déjà, Toupie, Coulicou, Yakari.
                                                                              A
        bientôt, j'espère                                                                                        Cécile
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