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Nangala Camara

  

»  l'atelier d'écriture de Nangala - 2001  

»  un article de presse (Genève) - février 2001

  

  

Mille élèves collaborent avec Camara
ÉCRITURE
L'Ivoirien Nangala Camara repart de Genève avec plein de textes d'enfants.

 
FRANÇOISE NYDEGGER

  
Sur le front de la bataille des livres, une nouvelle étape vient d'être franchie avec la venue à Genève, la semaine dernière, de l'écrivain de Çôted'Ivoire Nangala Camara. Plus de 950 élèves âgés de 8 à 12 ans ont rencontré cet auteur prolixe et bouillonnant. Ensemble, ils ont imaginé la suite à donner. aux aventures de Péta, le jeune héros sorti de l'imagination commune des enfants d'ici et de l'homme de plume d'Abidjan. "Ce n'est pas la première fois que je participe à un atelier d'écriture, mais de cette envergure, jamais." L'auteur, par ailleurs professeur de mathématiques et de physique, se dit très touché par les contacts établis avec ses jeunes coécrivains. "Leur spontanéité m'a beaucoup frappé. Leur enthousiasme aussi. Désignant un épais rouleau de papier, il précise: "Je repars chez moi avec toutes ces idées réunies au cours de mon séjour. Certains enfants ont écrit eux?mêmes tout un chapitre." 
  
Des faits réels
Nangala Camara est venu dans les classes avec son premier chapitre sous le bras, fruit de leurs échanges précédants sur Internet. "Les élèves m'avaient alors proposé toutes sortes de sujets. En les regroupant, je me suis aperçu qu'ils tournaient autour de trois thèmes: le racisme (parce que je suis Noir?), le roman policier où les enfants jouent les détectives, et puis.l'aventure; les frayeurs." L'écrivain s'est donc mis à la tâche et a rédigé le début de cette histoire, sur fond de début de guerre civile. "Des élèves ont trouvé ce chapitre trop dur, d'autres n'ont pas compris certains mots, mais ils ont apprécié, dans l'ensemble. Je vais donc retravailler pour rendre le récit plus fluide et ôter un peu de violence."
Car ce début de livre a été écrit sur le coup de l'émotion, juste après les événements de janvier qui ont secoué la Côte-d'Ivoire. "Ma maison a été incendiée, ma voiture démolie. J'ai vu toutes ces émeutes. Mais l'histoire que je raconte n'est pas la mienne pour autant: je n'ai pas d'enfant, et je ne suis donc pas le papa de Péta, comme on me l'a demandé si souvent ici.
  
Une momie en renfort
La suite du roman devrait être plus rocambolesque. Le garçon et sa famille trouveront refuge en Suisse et seront mêlés à d'étranges disparitions. Une momie du Musée d'art et d'histoire se réveillera même pour l'occasion. L'auteur a découpé les chapitres et donné un plan de l'histoire aux enfants, qui ont trouvé pour leur part les idées secondaires. Nangala Camara leur a donné encore deux semaines pour lui faire parvenir des suggestions. "Je devrais avoir fini mon texte fin mars." L'écrivain terminera sur une note optimiste. "Il faut montrer aux enfants que le monde n'est pas fatalement manichéen, que l'espoir demeure, mais qu'il leur incombe de faire changer le cours des choses.