2ème étape

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ROLAND GODEL : J’AI OSE DIRE NON

Bonjour à tous,

j’ai été ravi des premiers travaux reçus et de la qualité de leurs réflexions.

Je sais qu’avec les urgences du début d’année, certaines classes n’ont pas trouvé le temps de répondre. Je les engage donc à reprendre le train en marche avec ce deuxième livre. Il s’agit cette fois d’un vrai roman qui met en scène quelque chose d’hélas très courant : le harcèlement à l’école.

Dès le début du livre, Thomas se retrouve dans une situation inextricable. Il est piégé dans une histoire de stylo faussement volé. Comment auriez-vous réagi à sa place ?
L’avez-vous trouvé lâche ? Trop faible ? Trop raisonnable ?Manquant de confiance dans le jugement des adultes ?

Le titre du livre est « j’ai osé dire non! ». Est-ce toujours facile de dire non ? Cela nous arrive-t-il de dire oui alors qu’on voudrait dire non ? Par conformisme ? Par peur ?

Ce pauvre adolescent est la victime d’un chantage ? Cela vous est-il déjà arrivé (avec vos frères et sœurs par exemple) ?

Que pensez-vous des personnes qui utilisent ce genre de moyen de pression pour soumettre les autres à leurs volontés ?

Pedro et Quentin se mettent à deux contre un pour dominer Thomas. Qu’est-ce qui nous fait dire que ce n’est pas une attitude digne ? Seriez-vous capables d’agir ainsi ? Et si non, qu’est-ce qui vous en empêche ? La peur d’être pris et puni… ou un sentiment intérieur qui vous dit que « cela ne se fait pas » ? ou les deux à la fois… ?

( Si cette question vous intéresse particulièrement, je vous engage à lire la petite philo-fable que je vous donne en Annexe).

Lorsqu’on vit en société, des lois sont là pour protéger les plus faibles de « la loi du plus fort ». Vous sentez-vous suffisamment protégés dans votre vie d’enfant ? Vous est-il arrivé d’avoir peur de quelqu’un et de ne pas oser le dénoncer par crainte des représailles ?

Dans ce roman de Roland Godel, tout se termine bien. On nous dit que les deux fautifs seront exclus de l’école et placés dans un établissement spécialisé où on leur apprendra à respecter les autres. Est-ce ainsi que cela se passe dans la réalité… ou bien cette « happyend » est-elle un peu trop « jolie jolie » ? Parlez-en avec vos professeurs.

ANNEXE : L’anneau de Gygès (extrait de : Les philo-fables, M. Piquemal, éd Albin Michel)

Gygès était un berger qui avait trouvé sur le corps d’un homme mort une mystérieuse bague. Or, un jour qu’il était convoqué par le roi en compagnie de tous les autres bergers, il joua avec sa bague et en tourna machinalement le chaton. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que ce simple geste le rendait invisible ! Les autres bergers parlaient de lui comme s’il était absent, et personne ne remarquait sa présence.

Il tourna de nouveau le chaton et réapparut aux yeux de tous.

Les jours suivants, il renouvela l’expérience et fut alors convaincu du pouvoir magique de sa bague. Aussitôt, de noirs desseins lui vinrent en tête. Il se mit à envier le roi et ses richesses. Il retourna au palais où il fit en sorte de séduire la reine. Puis, profitant de son invisibilité, il tua le roi et s’empara du trône.

Légende racontée par Platon (IVe siècle avant notre ère), La République

Dans l’atelier du philosophe

Platon, qui raconte cette histoire, nous pose la question : « Si nous possédions l’anneau de Gygès et étions sûrs de ne jamais être punis, en profiterions-nous pour voler, tuer et faire tout selon notre bon vouloir ? »

Autrement dit, est-ce que nous évitons de faire le mal parce que nous pensons que c’est mal, ou est-ce juste par crainte des punitions, du châtiment ? La question est d’importance, car elle est le socle sur lequel repose toute morale.

A nouveau Michel Piquemal a choisi un ouvrage fort intéressant qui peut toucher actuellement tous les élèves. « J’ai osé dire non » de Roland Godel a reçu le prix UNICEF de littérature jeunesse 2016. Nous attendons vos réflexions d’ici au vendredi 18 janvier. D’ici là, nous vous souhaitons d’heureuses fêtes et de bonnes vacances.


6 réflexions sur « 2ème étape »

  1. Nous avons adoré la lecture de ce livre!
    La discussion proposée à donner naissance à un « bocal philosophique »…
    Nous avions la possibilité de choisir d’écrire un billet jaune, vert, bleu ou rouge selon les consignes notées au tableau…
    Certains exemples:
    Billets verts:
    – j’ai osé dire NON quand une fois on m’a demandé de taper un petit… après je me suis fait taper..
    – L’année passée une fille voulait toujours faire des choses avec moi et je n’avais pas envie. Une fois j’ai osé lui tenir tête en lui disant NON!
    – Les garçons m’embêtaient un peu tous les jours et j’ai osé le dire à la maîtresse.
    Billets jaunes:
    – En 5ème on me faisait tout le temps des commentaires méchants et on me forçait à faire des choses que je ne voulais pas mais je n’ai pas osé dire non…
    – Une fois au magasin avec mon frère, il voulait que j’achète un T-Shirt mais je ne l’aimais pas trop. Il m’a supplié de l’acheter et je n’ai pas osé dire non.
    Billets bleus:
    – Il faut en parler avec une personne de confiance: un copain, à ses parents, à la maîtresse…
    – Il ne faut pas se laisser faire!
    – Prends confiance en toi et tu pourras te défendre!
    – Il ne faut pas se laisser faire et oser dire NON!
    Billets rouges:
    ….Et non! on a tous le droit d’avoir son petit jardin secret!

    Classe de Coffrane, 7FRCO1

    • Bonjour à tous les enfants de la classe de Coffrane,
      Je suis content que vous ayez aimé ce livre car c’est vraiment un excellent petit roman qui nous pose plein de questions… et notamment une question majeure : est-on capable d’avoir le courage de s’opposer face à la force brutale et au chantage ? Ne vous y trompez pas ! Tout le monde dans sa vie sera un jour confronté à cette question !
      Et ce ne sera pas toujours facile. Car parfois lorsqu’on s’oppose, on peut le payer cher. L’un de vous dit lui-même qu’il a une fois refusé de taper un petit mais que finalement c’est lui qui s’est fait frapper ! C’est terrible ! Mais dans ce cas-là, on en sort avec une image de soi grandie ! On a pris quelques coups mais on peut se regarder dans une glace en se disant « j’ai fait quelque chose de bien ! Je suis quelqu’un de bien. »
      Au contraire, si l’on « se dégonfle », si on n’arrive pas à dire non, on risque d’en sortir avec une image de soi dévalorisée. Cela vaut donc le coup de surpasser sa peur, car on y gagne ainsi en confiance en soi. Mais aussi dans le regard des autres qui nous respecterons d’autant plus.
      A un niveau plus élevé, songez à ceux qui pendant la guerre ont refusé que l’on emmène les enfants juifs en camp de concentration, ceux qui les ont caché au péril de leur vie. Après la guerre, on les a appelé « des justes » et ils ont été décorés et honorés parce qu’ils avaient dit non à la barbarie.
      Par chance, ces graves problèmes vous sont aujourd’hui épargnés. Vous n’êtes encore que des enfants et vous pouvez (ne l’oubliez jamais!) compter sur la protection des adultes. Profitez de cette belle insouciance et efforcez-vous de « vivre ensemble » sans conflits.
      Je suis donc ravi que vous ayez pu réfléchir au travers de ce beau livre et j’ai beaucoup aimé l’idée de votre bocal philosophique qui permet de mieux visualiser votre questionnement philosophique.

  2. Atelier philo : « J’ai osé dire non »

    Cette lecture nous a permis d’entamer une discussion très intéressante avec nos élèves à différents niveaux.

    • Tout d’abord, beaucoup de nos élèves pensent qu’ils auraient osé dire non, ou du moins à en parler à un adulte de leur entourage (parent, éducateur de l’école ou enseignant). Ceci dit, ils sont unanimes pour dire que Thomas n’est pas lâche, et que s’il ne dit pas non ce n’est pas par lâcheté ou manque de courage, ils comprennent très bien qu’il ait gardé le silence. Tous savent qu’il faut dire non dans certaines situations mais conviennent que c’est « plus facile à dire qu’à faire… ». Il est ressorti de cette discussion autour de la lâcheté que finalement, les lâches dans cette histoire, ce sont les deux « méchants ». Lorsqu’on est plusieurs, on se sent fort, alors que dire non et résister tout seul, c’est bien plus difficile ! Tous sont donc d’accord pour dire que Thomas a été très courageux et que le soutien de sa sœur y est pour beaucoup ! L’union fait la force, mais attention, aussi bien pour se défendre que pour attaquer !

    • Ils pensent qu’effectivement, si Thomas ne parle pas immédiatement c’est peut-être parce qu’il n’a pas suffisamment confiance en le jugement des adultes. Cela a été l’occasion de rappeler l’importance d’avoir une ou des personnes de confiance dans son entourage. Nous avons pris le temps de réfléchir ensemble aux personnes à qui ils pourraient se confier dans un cas comme celui-ci.

    • Des élèves ont associé la peur de dire non et la perte d’une amitié, la peur de blesser l’autre. Face à l’insistance, certains se sont déjà sentis obligés de dire oui alors qu’au fond d’eux ils ne voulaient pas faire certaines choses.

    • Certains élèves de la classe ont, par le passé, été victime d’un chantage exercé par un camarade de classe. Il leur a fallu plusieurs années pour en parler et c’est finalement le fait de changer de classe qui a stoppé cela. Aujourd’hui, ils pensent qu’ils seraient mieux armés pour résister et oseraient dire non car ils sauraient vers qui se tourner.

    Ecole des Racettes 7P-8P

    • Chers enfants de l’école des Racettes, votre commentaire montre que vous êtes allés en profondeur dans la réflexion philosophique concernant ce beau roman.
      C’est vrai ( comme vous le dites si justement !), on peut a priori penser qu’on aurait aussitôt dit non à cette tentative de chantage… mais en y réfléchissant on reconnaît que c’est souvent plus facile à dire qu’à faire ! Car cela signifie qu’on doit se dresser, affronter… or on a tous en nous un fond de lâcheté qui ne veut pas d’histoires ! Il faut un beau courage pour « dire non » et c’est encore plus difficile lorsqu’on est seul. Tous les cas de rackett qui se sont mal terminés venaient du fait que celui qui en était victime était solitaire. Les racketteurs ont d’ailleurs souvent pour stratégie de l’isoler plus encore ! Au contraire, lorsque la victime avait des amis, des parents ou des adultes sur qui ils pouvaient compter, le rackett a échoué ! C’est le cas dans ce roman, mais c’est presque toujours le cas dans la vie même. Lorsque la victime a quelqu’un à qui se confier, quelqu’un pour l’aider, il va se battre et ne pas se laisser faire. Cela peut être les parents, des frères et sœurs mais aussi bien sûr des enseignants. Il y a notamment dans les collèges des « conseillers d’éducation » qui sont à votre écoute… et ils sont souvent confrontés à ces problèmes. Ne l’oubliez pas lorsque vous serez au collège. Ce sont des alliés très sûrs !
      La vie est faite de petits combats qui forment notre personnalité. Lorsqu’on triomphe de ces inévitables soucis, on gagne en estime de soi, on se sent mieux dans sa peau, on peut se regarder avec fierté dans la glace. Au contraire, si on courbe le dos, on va perdre en estime de soi et se regarder comme un minable. L’enjeu est donc extrêmement important car si l’on veut vivre heureux, il est essentiel d’avoir une bonne estime de soi. Songez-y lorsque vous serez confrontés à un problème. Cela vaut le coup de l’affronter, même si cela fait souffrir, car le bénéfice sur l’image que vous avez de vous même peut en être considérable.
      Amicalement à tous
      J’espère que vous aurez envie de continuer cette belle expérience et faire le même travail en profondeur sur les prochains livres qui vous seront proposés. Je suis enthousiaste à l’idée de poursuivre avec vous ce ping pong de commentaires !

  3. Commentaires de la classe 7FRBO1 de Bôle

    Après avoir lu le livre « J’ai osé dire non! », les élèves ont répondu librement aux diverses questions.
    Ce livre a beaucoup plu à la classe.

    Est-ce toujours facile de dire non ?

    – Non, ce n’est pas facile car nous avons peur des conséquences et des punitions.
    – Non, ce n’est pas toujours facile car si nous répondons à quelqu’un de plus grand ça nous fait peur. Nous avons peur d être tapé, et si ça continue ensuite nous aurions peur de venir à l’école. Donc parfois, nous n’avons pas envie de créer des histoires et nous finissons par dire « oui » au lieu de dire « non ».

    Comment réagirez-vous à sa place ?

    – J’en parlerais directement au gérant.
    – Nous aurions agi de la même manière que Thomas.
    – D’autres élèves n’auraient pas réagi comme lui. Ils n auraient pas eu peur de le dire à la maîtresse et à ses parents le jour même.
    – Moi, je ne voudrais pas déranger mes parents avec ces histoires.

    Sentez-vous protégé dans votre vie d’enfants ?

    – Oui, parce que j’ai des bons amis, des parents présents, une maison protégée et des personnes qui m entourent.

  4. Bonjour les enfants et merci d’avoir fait l’effort de me faire un retour sur votre réflexion.
    Pardonnez moi si j’y réponds moi aussi avec du retard mais je n’ai vu qu’aujourd’hui votre courrier.
    Je suis content que vous ayez apprécié ce livre et que vous ayez pu discuter à son sujet, car la question qu’il soulève (le harcèlement) empoisonne la vie de beaucoup d’enfants, au point que le ministère de l’Education vient d’en faire une cause nationale.
    Ce qui est terrible c’est que ceux qui harcèlent n’ont souvent pas conscience du mal qu’ils peuvent faire. Des fois, c’est pour eux juste un jeu… mais hélas un jeu qui peut parfois conduire certains élèves plus fragiles à se suicider. Aussi la lecture d’un tel livre peut aider certains jeunes harceleurs à en prendre conscience… et surtout peut convaincre les victimes qu’il ne faut pas se laisser faire.
    Certes, comme vous le dites, ce n’est pas toujours facile. On ne veut pas d’histoires ou bien on a peur des représailles. Mais si on réussit à réagir avec l’aide des adultes, cela va nous faire gagner considérablement en estime de soi… alors que si on reste sous la coupe des harceleurs, on risque de se considérer soi même comme un faible et un minable.
    Certains parmi vous ont souligné le fait que c’est dès le début du racket (le jour même!) qu’il faut réagir car plus les jours passent et plus les mailles du filet qui nous emprisonnent se resserrent. Je vois que vous êtes des battants et que vous n’avez pas envie de vous faire marcher sur les pieds. C’est fondamental ! Il faut respecter les autres mais il faut aussi se faire respecter !
    Pour terminer, je vous posais une question qui me semblait importante : est-ce que vous vous sentez protégés dans votre vie d’enfants ? Et votre réponse m’a rassuré. Vous avez bien résumé ce qui fait qu’on tombe bien plus difficilement dans la spirale du harcèlement : des bons amis, des parents à l’écoute et présents, un bon entourage d’adultes responsables et une maison où vous vous sentez en sécurité.
    Grosses bises à tous
    et à bientôt pour un commentaire sur un nouveau livre !

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